Le développement de pratiques
de cirque en cours d’EPS se heurte parfois aux regards
traditionalistes de certains acteurs du système éducatif
(collègues, parents, entraîneurs…).
Pourtant le travail de l’équilibre qui constitue
la base de nombreuses activités des enfants de la
balle s’avère être d’une richesse
dont chacun devrait prendre conscience.
Si la construction d’un schéma
corporel, la dissociation du haut et du bas du corps, le
relâchement et la recherche du moindre coût
énergétique dans la réalisation d’un
mouvement sont des objectifs visés par l’éducation
physique, alors les situations permettant à l’individu
de conserver ou de retrouver rapidement son équilibre
vertical sont des moyens privilégiés pour
atteindre ces objectifs. Pour aller plus loin, on pourrait
aussi dire que ce genre de travail participe à un
renforcement musculaire spécifique qui favorise une
plus grande stabilité des articulations et par là
même permet d’éviter quelques blessures.
On pourrait enfin pousser l’argumentation en disant
que l’équilibre est bien souvent une composante
essentielle de la performance sportive.
Des études ont en effet montré
que ce qui différenciait le grand champion des autres
sportifs, était sa capacité à conserver
plus facilement son équilibre. Une étude réalisée
en Italie plaçait notamment des sportifs sur une
planche d’équilibre comme on en trouve chez
le kiné (une demi sphère fixée sous
une planche). A partir de là, on enregistrait les
mouvements du haut du corps lorsque les individus essayaient
de se maintenir sur cette planche. On constate d’une
part que les sportifs trouvent plus facilement leur équilibre
mais aussi que les champions utilisent des stratégies
qui leur permettent de limiter les mouvements du haut du
corps, donc de conserver une certaine stabilité à
ce niveau là.
Quelques entraîneurs se sont inspirés
de ces résultats et ont intégré presque
systématiquement des exercices d’équilibre
et de proprioception à leurs échauffements
ou séances d’entraînement. Des situations
de renforcement musculaire avec charges légères
et de gainage en situation instable donnent des résultats
intéressants ; peut être parce quelles sont
plus proches de la réalité de la pratique.
On peut alors s’interroger sur la
pertinence du travail de musculation avec charges guidées.
Certes on soulève de plus en plus lourd avec davantage
de sécurité. Mais n’a t’on pas
tendance ainsi à réduire le mouvement à
des contractions musculaires simples alors que la plupart
du temps il fait appel à des coordinations et des
synergies musculaires complexes ?
Nous avons là des perspectives de
travail et de recherches intéressantes. Et si l’on
pouvait remplacer la musculation lourde ? Moins de charges,
plus de stabilité, moins de blessures, plus d’efficacité
; on peut rêver.
Quoi qu’il en soit, les activités
qui stimulent et qui développent l’équilibre
participent bien à une éducation du physique
à vocations multiples. On pourra alors dire que le
sport favorise l’équilibre de l’individu
dans tous les sens du terme.